Transfert graisseux dans les cas d'augmentation mammaire à visée esthétique ou pour malformations congénitales

Définition :

L'hypoplasie mammaire correspond à des seins dont le volume est insuffisamment développé vis-à- vis de la morphologie de la patiente. Elle peut exister dès le départ ou apparaître à la suite d’une perte de poids ou d’une grossesse.

Objectifs et principes :

Le traitement des hypoplasies mammaires vise généralement à remédier à l’insuffisance de volume des seins en optant pour la pose d’implants situés derrière la glande mammaire ou derrière le muscle grand pectoral. Dans certains cas, cette intervention peut être combinée à un resserrement de la peau, également appelé cure de ptôse.
Une alternative de plus en plus considérée consiste à accroître ou restaurer le volume du sein par le transfert de graisse. Cette méthode a été initialement développée en chirurgie reconstructrice des seins où elle a représenté une avancée significative. Elle découle de la technique des transferts graisseux au niveau du visage, également connue sous les termes de lipostructure, lipofilling ou lipomodelage.
Grâce à l’expérience acquise en chirurgie reconstructrice du sein, cette technique s’est progressivement structurée et améliorée pour devenir une méthode autonome à part entière.
Pour effectuer cette procédure de manière sécurisée et conforme aux connaissances scientifiques, il est nécessaire de la réaliser dans un environnement chirurgical, sous la supervision d’un chirurgien plasticien. Pratiquer cette technique en dehors du contexte chirurgical défini précédemment est considéré comme dangereux pour les patientes.
Bien qu’il soit désormais évident que des calcifications radiologiques peuvent apparaître dans toutes les interventions chirurgicales du sein, qu’elles soient esthétiques ou non, ces calcifications diffèrent de celles observées dans les cancers du sein. Elles ne posent pas de problème de diagnostic pour les radiologues expérimentés.
De plus, les techniques modernes de transfert de graisse permettent une répartition équilibrée des greffons graisseux, réduisant ainsi le risque de formation de kystes huileux ou de problèmes d’intégration.
Jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve montrant que le transfert de graisse pourrait causer un cancer du sein. Cependant, cela ne l’empêchera pas de se produire si la patiente a déjà un risque personnel de développer un cancer du sein (âge, antécédents familiaux ou densité mammaire).
Avant de subir la procédure de lipomodelage des seins, la patiente doit prendre toutes les précautions nécessaires pour minimiser le risque de coïncidence entre le cancer et l’intervention, y compris s’engager à réaliser un bilan pré-opératoire et surtout des suivis réguliers en fonction des recommandations du radiologue spécialisé.
Il est important de souligner que le lipomodelage ne peut pas remplacer toutes les indications de la chirurgie d’augmentation mammaire. Donc les implants gardent leur place dans l’arsenal thérapeutique. Il est d’ailleurs possible de combiner les deux techniques.
Ces interventions ont des objectifs différents :


  • -L'augmentation des seins par implants convient aux patientes qui désirent une augmentation importante du volume de leurs seins et souhaitent une transformation radicale de leur poitrine.
  • -Le lipomodelage esthétique des seins ne permet qu’une augmentation modérée et convient mieux aux patientes qui souhaitent retrouver une forme qu’elles connaissent déjà (après une perte de poids, une grossesse, un allaitement) et/ou souhaitent une solution relativement naturelle, sans corps étranger. Cette technique n’est possible que si la patiente présente un site donneur de graisse suffisant.

Il est important de noter que si l’intervention est purement esthétique, elle n’est pas couverte pas l’assurance maladie. En revanche, la chirurgie réparatrice du sein, visant à corriger les malformations ou déformations liées à des facteurs génétiques, familiaux ou traumatiques, peut être prise en charge par l’assurance maladie.
Il y a donc une distinction de faite entre les malformations ou déformations avec ou sans glande mammaire, avec ou sans plaque aréolo-mamelonnaire, avec ou sans malformations thoraciques associées.
A noter que les transferts graisseux peuvent apporter leur contribution dans plusieurs situations, notamment :


  • -Le syndrome de Poland : il s’agit d’un syndrome congénital, caractérisé par une aplasie ou une hypoplasie de la glande mammaire, avec une plaque aéolo-mamelonnaire petite, souvent associée à une déficience ou absence du muscle grand pectoral, accompagnées de malformations costales et thoraciques.
  • -L'aplasie du sein et hypoplasie du sein : ce cas correspond au mauvais développement des structures du sein, dont l’existence est rudimentaire. Le lipomodelage est intéressant pour les hypoplasies unilatérales.
  • -Les seins tubéreux : cette malformation apparaît à la puberté, lors de la croissance de la poitrine. Elle est due à un défaut de base mammaire.
  • -Le pectus excavatum : malformation thoracique qui entraine un creux dans la paroi thoracique. Il peut être traité avec des prothèses en silicone, mais également un lipomodelage. Dans certains cas, les deux techniques peuvent être associées.
  • -Les déformations induites dans l’enfance : ce sont des cas rares, pour lesquels le traitement est particulier et adapté à chaque situation.

Le traitement des malformations thoracomammaires varie, car chaque cas est unique. Pour certaines patientes, les techniques classiques de chirurgie plastique, telles que le remodelage du sein, la pose de prothèse mammaire ou la liposuccion, peuvent être bénéfiques, surtout lorsque suffisamment de peau ou de volume est disponible. Dans de nombreux cas, le transfert de graisse représente une avancée significative. Il peut être utilisé seul ou, le plus souvent, combiné à d’autres techniques.

Indications :

Cette technique répond à des indications précises et nécessite des prédispositions chez la patiente, à savoir la présence d’un capital adipeux suffisant pour permettre le prélèvement de la graisse. Cela signifie donc que les patientes très minces ne sont pas la cible de cette technique.
Elle peut répondre aux attentes d’une patiente souhaitant une augmentation mammaire modérée ou ayant envie de retrouver un galbe plus harmonieux suite, par exemple, à un allaitement. Cette technique présente deux avantages principaux :


  • -Elle permet une augmentation du volume du sein modérée mais naturelle, sans corps étranger.
  • -Elle permet de traiter dans le même temps les éventuelles surcharges graisseuses localisées.

Un examen clinique de la glande mammaire doit être réalisé en amont afin de dépister un processus pathologique, comme avant toutes les chirurgies du sein. Il est également nécessaire de réaliser des examens complémentaires spécifiques afin de dépister toute anomalie suspecte. Une anomalie détectée par ces examens nécessitera l’avis d’un médecin sénologue qualifié et contre-indiquera un temps l’intervention.

Avant l’intervention :

Le projet thérapeutique est élaboré par la patiente et le chirurgien. Ils aborderont ensemble le bénéfice esthétique attendu, les limites de l’intervention, les avantages, inconvénients et contre- indications. Une étude minutieuse est réalisée, de même qu’un bilan radiologique précis, un bilan pré-opératoire habituel et une consultation au plus tard 48 heures avant l’intervention avec l’anesthésiste. À noter qu’aucun médicament contentant de l’aspirine ne devra être pris dans les 15 jours précédant l’intervention.

Anesthésie et modalités d’hospitalisation :

Le lipomodelage des seins est généralement réalisé sous anesthésie générale car plusieurs zones du corps sont concernées, à savoir les seins et les zones de prélèvement. Cette intervention nécessite une hospitalisation relativement courte, à savoir entre 12 et 24 heures.

Intervention :

Chaque chirurgien utilise une technique propre, qu’il adapte à chaque cas pour obtenir les meilleurs résultats. Cependant, certains principes de base sont communs :

  • -Le chirurgien procède dans un premier temps à un repérage précis des zones de prélèvement de la graisse ainsi que des zones d’injection de celle-ci. Le choix de ces zones de prélèvement dépend des endroits où il y a un excès de graisse et des préférences de la patiente, car ce prélèvement permet d’améliorer significativement ces zones en effectuant une véritable lipoaspiration des excès graisseux. Le choix des sites de prélèvement dépend également de la quantité de graisse jugée nécessaire et de la disponibilité des sites de prélèvement.
  • -Le prélèvement de tissu graisseux se fait de manière non traumatisante par de petites incisions dissimulées dans les plis naturels, à l’aide d’une fine canule d’aspiration, dérivée de la technique de la lipoaspiration. Après le prélèvement, une centrifugation est effectuée

pour séparer les cellules graisseuses intactes, qui seront greffées, des éléments non greffables.


  • -Le transfert du tissu graisseux se réalise à partir d’incisions de 1 à 2 mm avec des micro- canules, permettant l’injection de microparticules de graisse dans différents plans, créant ainsi un réseau tridimensionnel. Cela augmente la surface de contact entre les cellules greffées et les tissus receveurs, favorisant la survie des cellules adipeuses greffées et assurant la réussite de la greffe.
  • -Étant donné qu’il s’agit d’une greffe de cellules vivantes, les cellules greffées resteront vivantes, ce qui rend le lipomodelage esthétique définitif. Cependant, l’évolution de ces cellules graisseuses dépend du poids de la patiente et surtout des variations de son poids (si elle perd du poids, le volume ajouté diminuera).

La durée de l’intervention dépend du nombre de sites donneurs, de la quantité de graisse à transférer et d’éventuels changements de position. Elle peut donc varier de 1 heure à 4 heures selon les cas.

Après l’intervention (suites opératoires) :

Les douleurs sont généralement modérées mais peuvent être assez marquées au niveau des zones de prélèvement. Un œdème apparaît souvent pendant les 48 heures qui suivent l’opération sur les zones de prélèvement et les seins. Il mettra normalement entre 1 et 3 mois pour se résorber. Des ecchymoses apparaissent également dans les premières heures au niveau des zones de prélèvement et se résorbent relativement rapidement. À cause du prélèvement de graisse, la patiente peut se sentir fatiguée pendant 1 à 2 semaine(s) après l’intervention.
Il est fortement déconseillé d’exposer les zones opérées au soleil dans les 4 semaines minimum après l’intervention.

Le résultat :

Le résultat apparaîtra dans un délai de 3 à 6 mois après l’intervention. Celui-ci sera le plus souvent apprécié, notamment si la technique utilisée était correcte et si le suivi se fait de la bonne façon, en suivant les précautions établies en amont.
A savoir qu’une deuxième séance de lipomodelage est envisageable quelques mois plus tard, si la patiente souhaite augmenter une nouvelle fois le volume de sa poitrine ou améliorer la forme de celle-ci. Les coûts et contraintes sont sensiblement les mêmes que pour la première intervention. Il n’y a pas de limite de séances mais, cela dépend du bon sens et de la quantité de graisse disponible pour le prélèvement.
Notez également que, comme expliqué précédemment, les cellules greffées restent vivantes ce qui signifie que le vieillissement normal des seins n’est pas interrompu. Ces cellules vivantes sont également impactées par la prise et la perte de poids, ce qui signifie qu’une stabilité pondérale est recommandée, dans la mesure du possible.

Les imperfections du résultat :

En général, le lipomodelage des seins, quand il est bien fait, aide vraiment les patientes en leur offrant un résultat satisfaisant conforme à leurs attentes.
Dans quelques cas, on peut observer des petits défauts locaux comme une correction légèrement insuffisante, une légère asymétrie ou des irrégularités. Si nécessaire, ces imperfections peuvent être traitées avec une séance de lipomodelage sous anesthésie locale, mais pas avant les 6 mois post- opératoire.

Les complications envisageables :

Un lipomodelage est certes une opération à visée esthétique mais, cela n’en reste pas moins une opération chirurgicale avec des risques.
On distingue donc les complications liées à l’anesthésie et les complications liées au geste chirurgical.
Concernant l’anesthésie, le médecin anesthésiste qui recevra la patiente en consultation lui indiquera lui-même les risques lors de celle-ci. À savoir tout de même que les techniques, les produits et les méthodes de surveillances ont fait d’énormes progrès ces dernières années, ce qui limite fortement les risques.
Concernant la chirurgie elle-même, le choix d’un chirurgien plasticien qualifié et compétent limite les risques, même s’ils existent toujours.
Les vraies complications sont rares après un lipomodelage bien réalisé.
L'infection est prévenue par la prescription d’un antibiotique per-opératoire. Si une infection survenait tout de même, celle-ci serait traitée rapidement et se résoudrait en une dizaine de jours, sans avoir de conséquence sur le résultat final.
Un pneumothorax peut survenir mais de façon très exceptionnelle et celui-ci doit alors faire l’objet d’un traitement spécifique, selon son importance.
Pour terminer, il ne faut pas surévaluer les risques mais simplement prendre conscience qu’ils existent.
Le Docteur Jeremy Gliksman, chirurgien esthétique à Lyon, exerce également à Genève, dans la Clinique de Genolier. Il met ses compétences et son expertise en chirurgie mammaire au service de patientes uniques.